Bordure(s)

Présente

installations/interventions in situ

MDLX/Michel DELACROIX
chez-robert.com
                                      écluse
Jérôme LETINTURIER
2 angles / relais culturel / Normandie
                                      cale sèche / Bibliothèque
Dominique DEHAIS
Dans le Sens de Barge / Paris
                                      lavoir / port du canal
Sylvie RUAULX
777 / résidences artistique / Bretagne
                                      Office du tourisme
Isabelle SORDAGE
L’atelier expérimental / Haut-Pays Niçois
                                      émission Triage FM

Cinq artistes pour cinq pratiques et cinq regards singuliers sur l’espace public.

Pour l’exposition Bordure(s), l’association Canal Satellite / AC les invite à s’étendre sur le bord, à occuper les lisières, les frontières, jusqu’à dépasser les limites.

Tous les cinq ont en commun d’être responsables de structure culturelle, d’association ou d’espace d’exposition.

Canal Satellite / AC les met aujourd’hui à l’honneur le temps d’une résidence et d’une exposition.


Jérôme LETINTURIER
2 angles / Normandie / cale sèche / Bibliothèque
www.facebook.com/letinturier

Migennes.

C’est avant tout un contexte qui donne les idées de constructions volumétriques.

La cale sèche est invisible à l’entrée de la ville, juste là, entre le canal et la voie de chemin de fer. J’ai voulu construire ici un totem qui évoque les bruits de ce lieu, entre trains et péniches. Un totem qui évoque une sirène sonore, une alarme ludique qui signale en silence les flux, les passages. Les monstres d’industrie et tonnes d’acier qui passent ici, de chaque coté de cette cale en friche.

C’est aussi un espace mort, trace d’un lieu de travail où le temps passé, figé, se regarde. Signaler le temps d’une exposition la bordure, la frontière entre passé et présent, entre flux et arrêt , entre bruits et silence.

A propos de l’artiste

Mes habitudes

Le contexte, l’histoire, le patrimoine… Souvent, il est donné aux artistes la possibilité d’intervenir, de construire, de créer dans des espaces dits patrimoniaux. A chaque fois que cette opportunité s’ouvre à mon travail, je fais en sorte de dialoguer avec des constructions éphémères qui figurent avec une certaine analogie le lieu qui les reçoit. J’utilise le plus souvent ce que j’y trouve… et quand on construit, le plus simple, le plus accessible, le plus courant, c’est le matériaux bois, qui se trouve en abondance.

Notre monde de recyclage laisse toujours du bois en quantité sur le coté de la consommation…

Alors ici, comme ailleurs, le bois se trouve, et il possède des souplesses et des facilités que j’utilise pour construire du neuf.

Arc de triomphe Théâtre du quartier libre,
Chapelle des ursulines. Acenis 2017


MDLX / Michel DELACROIX
chez-robert.com / écluse
mdlx.com

Peinture à l’eau

S’agissant d’un parcours dans l’espace public, l’idée a surgi d’investir l’intérieur d’une écluse et de jouer sur les processus d’apparition et de disparition d’une œuvre installée sur sa paroi intérieure. Cette écluse jouxte le siège de Canal Satellite/AC et s’inscrit parfaitement dans le parcours de l’exposition.

Ce postulat étant posé, restait à déterminer la nature de l’« œuvre ».
Ce contexte particulier excluant les ouvrages en trois dimensions, le choix de la peinture s’imposait naturellement. En revanche, privilégier un sujet ou un type d’expression était plus problématique et pouvait s’avérer source de malentendus. L’intention était d’évoquer la potentialité d’un geste pictural plutôt qu’un style de peinture forcément référencé. Le choix s’est donc porté sur l’image d’une palette d’ aquarelle.

La palette porte en elle toutes les potentialités de création et l’aquarelle, dans cette situation, se justifie pleinement !

A propos de l’artiste

Tout au long de son parcours artistique, les créations de Michel Delacroix se sont progressivement concentrées sur des questions relatives à ce que l’on nomme communément « œuvre d’art » et à ses modalités de production, d’apparition et de lecture. Un corpus de propositions et de dispositifs interrogeant le contexte de l’art et de la création s’est ainsi élaboré. Qu’il s’agisse de questionner la pérennité de l’œuvre, les conditions de son émergence, son mode de réception, la légitimité du système qui l’entoure… mdlx opère par éclatement des procédures et des codes établis pour ouvrir à des interprétations inédites.

1,88. L’idée était de prendre le critère du poids comme postulat de création. Mais quel poids de référence choisir ? En toute humilité, travailler sur le poids de l’histoire de l’art, plus précisément en prenant comme référence une référence : l’ouvrage Histoire de l’art de Ernst Gombrich dans sa version reliée. Ce volume pesant 1kg88, chaque production allait donc se développer à partir de cette contrainte initiale, comme ce fut le cas avec l’œuvre Trente trois mètres soixante trois… ou comment convertir un poids en distance : assembler dix sept double-mètres pliants en bois et couper la dernière section afin d’obtenir le poids exact de 1kg88.

Trente trois mètres soixante trois…
bois peint et métal, 103 x 73 x 2,5 cm. 2017


Dominique DEHAIS
Dans le Sens de Barge / Paris / lavoir / port du canal
www.galerielaferronnerie.fr

Un lavoir du 19ème siècle où les femmes se retrouvaient pour le nettoyage hebdomadaire du linge de la famille et des maîtres. Travail pénible qui s’inscrit dans la longue liste des tâches que les femmes réalisent au service de la reproduction de la force de travail. Un grand drap noir porte la devise « Aux mères, aux compagnes, aux sœurs, la force de travail reconnaissante » transforme ce lieu en catafalque des sacrifices consentis. La rédaction de la devise en anglais rappelle la langue d’exil de Karl Marx.

Les coracles sont des embarcations premières que l’on retrouve dans toutes les régions du monde. Ce sont ces coques de noix qui permettent de traverser un fleuve, de s’aventurer dans un marais, d’affronter l’océan. Faits d’osier, de toile goudronnée, de branchages, ils se portent sur le dos et permettent d’échapper à tous les périls, de se sauver des eaux. Quatre coracles en forme de paniers, dans une fine fleur de contreplaqué, attendent, pour ultime sauvetage, de nous emmener vers d’autres rives.

A propos de l’artiste

Dominique Dehais a progressivement élargi sa pratique de peintre à la sculpture, au design, voire à une approche plastique et critique de l’architecture. Il a investi des pratiques liées au graphisme ou à la vidéo. Il affirme une conception extensive de la production artistique issue des traditions du néoplasticisme et des différentes variantes des avant-gardes soviétiques (constructivisme, productivisme et suprématisme). Leur « ré-activation » intègre l’expérience de l’art conceptuel et minimal quant à la contextualisation de l’oeuvre et à ses modes ou paramètres de production. S’il assume pleinement la spécificité de l’oeuvre, il ne s’interdit pas de l’infléchir vers la fonctionnalité en imbriquant valeur esthétique et valeur d’usage de l’objet produit, entre objet utilitaire et objet esthétique (matelas/ tableau, sculpture/mobilier, etc.). Cela lui donne une autonomie par rapport à la doxa picturale de l’oeuvre «pure » ou à la tentation nihiliste de sa disparition comme objet spécifique. Il sollicite dans son travail matériaux et images, formes et signes, mais l’usage qu’il en fait n’occulte pas les modalités sociales qui les constituent. Au contraire, il prend en charge les rapports sociaux qui les engendrent ainsi que les logiques symboliques et formelles dont l’oeuvre est porteuse. Il peut travailler en fonction du lieu ou indépendamment de celui-ci. Cette autonomie relative de l’oeuvre lui permet de l’articuler à un contexte, à une structure sociale donnée. Cela l’amène à mettre en jeu la conflictualité des situations de production qu’il investit sur un mode déconstructif ou critique. Il met en forme, en mots ou en bribes de texte la violence sociale que recèlent tant un rapport de production qu’une structure de contrainte sociale. Il formalise ainsi les relations antagoniques entre humain et machine, rapports de production et logique émancipatrice, singularité du producteur d’art et « anonymat » de la production industrielle. Son travail interroge les notions de fabrication et de production dans le monde de l’art, de l’architecture et du design, dans leurs relations à l’objet (produit, oeuvre) et/ou au sujet (producteur, créateur).

Philippe Cyroulnik


ZONE DE PRODUCTION/
NAISSANCE D’UNE AUTOMOBILE
Le 19. Montbéliard, 2006


Sylvie RUAULX
777 / Office de tourisme
srdlt777.canalblog.com

Ce sont les lieux qui initient les aventures collectives. Hier ce fut le château de Kerpaul pour les résidences 777, aujourd’hui une maison en Normandie dont l’épure est présentée ici, les conduits des fluides et d’électricité qui la faisaient vivre avant sont maintenant exposés dans leur inertie, juste pour la beauté de leurs courbes, la trace de leurs organisations spatiales. Ils deviennent petit à petit l’écriture du devenir de cette maison. Les boules et les surfaces sont le mâché de toutes les publications reçues à cette adresse et sont l’écho des plages de galets du Tréport, ces sphères portent en elles le son du ressac.

A propos de l’artiste

Sylvie Ruaulx a été formée à la peinture et à l’accessoirisme de plateau. Ses œuvres se sont toujours penchées sur la production industrielle et sur l’étrangeté des formes qu’elle génère ou qu’elle rejette. Sa prédilection la porte à utiliser des chutes, des rebuts de processus industriels. Elle les choisit puis les met en espace – on pourrait dire en scène – sans en altérer la forme ni la couleur. Elle emprunte, plus qu’elle ne s’approprie, ces choses qui seraient autrement vouées au recyclage ou à la destruction. Elle les assemble, sans recourir à des technologies complexes, et les organise en mettant en évidence leurs singularités accidentelles. En limitant au strict minimum ses interventions sur les objets collectés, elle veut attirer l’attention du spectateur sur leur valeur d’usage – ou plutôt de ré-usage – intrinsèque et susciter la surprise quant à la variété des formes générées par un processus productif dont ce n’est pas la finalité essentielle. Plus que son travail, c’est celui des autres – ceux qui ont créé le matériel initial et ceux qui l’ont usiné – que Sylvie Ruaulx met en avant, dans une démarche qui se situe entre économie et poétique, abordant les questions du recyclage, les esthétiques du travail, la valorisation des technologies et, enfin, l’éloge de la main anonyme – et de son outillage – qui a façonné des choses aussi étranges… De par sa formation initiale, l’artiste ne récuse pas la notion de décoratif et se fait volontiers scénographe, dès lors que ses œuvres peuvent ouvrir des portes sur le rêve, la méditation ou l’utopie…

Louis Doucet, 2020

Pièces métal découpées peintes “SDM” sur
rak métal, présentées à l’exposition Épreuves d’usine, à L’H du Siège


Isabelle SORDAGE
L’atelier expérimental / Haut-Pays Niçois / émission Triage FM 94.5Mhz
www.isabelle-sordage.fr

La plasticienne Isabelle Sordage propose une lecture en plusieurs épisodes d’un récit de vie autour de la création de l’Atelier Expérimental, lieu d’art et de recherche dans un petit village de montagne. On y côtoie des montagnards et des artistes, on y découvre leur travail au quotidien, on comprend ce qui les motive à créer, à observer, leurs interrogations, on y observe même des intrigues esthétiques.

Triage FM – Bordure(s) – Isabelle SORDAGE – Episode 1 – 16 minutes 20 :

 

Boite à dessin. installation sonore. 2010/2011