Lavenir a disparu

29 mai / 31 octobre 2021

Parcours artistique en plein air – Migennes et port du canal
installations / interventions in situ

Une exposition de Jérôme LAVENIR

Lavenir a disparu

 

/ Port du canal et ses abords
/ OUAJDI TOUCH (ancienne boucherie) 3, avenue Jean-Jaures, Migennes

Inauguration en plein air le 29 mai 2021 à 17h
cale sèche, rue du port du canal, Migennes

Lavenir a disparu, Migennes, 2021

Chacune des cinq pièces proposées à l’occasion de cette exposition s’offre comme un prétexte : soit qu’elle prête à sourire, soit qu’elle invite à regarder alentour, soit qu’elle donne à penser, à se projeter, ou à imaginer… Ce ne sont pas les pièces pour elles-mêmes mais bien les quelques situations auxquelles elles donnent lieu qui se veulent ici objets d’attention. J’ai pris soin d’intégrer au mieux le contexte qui m’était confié, de jouer avec la topographie, d’embrasser l’atmosphère des lieux — je les connais bien par ailleurs, pour avoir participé à plusieurs des aventures de l’association Canal Satellite/Art Contemporain. Il n’est pas tout à fait neutre, par exemple, que les œuvres d’une exposition mettant en scène la soi-disant disparition de son auteur investissent les eaux mystérieuses d’un canal, ou la fosse, le trou que constitue une cale sèche désaffectée, ou, plus cocasse encore, les murs d’une ancienne boucherie du centre-ville de Migennes…

« Le nom d’un homme, en effet, est un coup étourdissant dont il ne se relève jamais » écrivait Marshall Mac Luhan, tant il est vrai que le patronyme qu’on reçoit à la naissance (Lavenir étant le mien) fait partie, avec un ensemble d’autres choses — nos corps, capacités, tares éventuelles, époques et lieux où l’on vient au monde, jusqu’à nos vies elles-mêmes — de tout ce qui nous échoit sans qu’on en ait rien choisi et qu’il nous faut pourtant assumer tout au long de l’existence. Cette dimension où se nichent tous les déterminants de soi contre lesquelles on ne peut rien, c’est cette dimension-là de l’existence individuelle qui, je crois, me rend l’art nécessaire. La pratique artistique est à ce titre le miroir de mes préoccupations en même temps qu’une tentative toujours renouvelée de s’approprier, fût-ce par le moyen d’une certaine autodérision, ce que le destin impose… une tentative d’épouser en toute philosophie et pourquoi pas, jusqu’au ridicule, les contours les plus figés de sa propre existence.

L’échéance qui, ultimement, nous attend toutes et tous sans la moindre exception, celle de notre propre disparition, est évidemment, de toutes contraintes, la reine absolue ! En tant que telle, elle règne et diffuse au sein de mes propositions visuelles et plastiques comme un sous-texte indéchiffrable — car il n’y a rien à connaître de la mort — et néanmoins omniprésent. Nicolas Bouvier écrivait dans l’un de ses textes sur la photographie : « le processus de création me semble être de deux natures, ou bien exorcisme et conjuration contre un monde où l’on vit seul, séparé d’autres gens et de choses également solitaires, ou bien célébration et action de grâces lorsque l’on ressent l’unité du monde ». Il est certain que cette exposition relève de la première de ces catégories. J’aimerais qu’à travers le pied de nez qu’elle entend adresser à toutes formes possibles d’ironie du sort qu’elle s’amuse de célébrer malgré tout, elle s’avère tout autant relever, quoiqu’ ironiquement peut-être à son tour, de la seconde…

www.jeromelavenir.com